Université Assane SECK de Ziguinchor (UASZ)
La Casamance est la région la plus humide du Sénégal avec une biodiversité plus importante. Toutefois, elle est soumise, à l’instar des autres régions du pays aux effets des changements climatiques qui ont un double impact sur le secteur agricole : un impact direct à travers la réduction des rendements des cultures et un impact indirect du fait des effets sur les ressources naturelles comme le sol et l’eau. Ainsi, plusieurs programmes et projets d’adaptation ont été mis en œuvre, la plupart du temps, de manière non coordonnée, pour renforcer la résilience du secteur agricole aux impacts négatifs des changements climatiques. Par ailleurs, la Casamance a longtemps été enclavée, par rapport au reste du Sénégal, par le fleuve Gambie dont la traversée se faisait par un ferry. Cette situation a toujours été un handicap pour l’écoulement des produits agricoles périssables en raison des délais trop longs pour traverser ce fleuve et rallier la rive opposée. L’économie de la Casamance s’en trouvait alors plombée. La construction du pont sur le fleuve Gambie a radicalement modifié la dynamique des flux entre la Casamance et le reste du territoire et n’a donc pas manqué d’impacter positivement sur l’économie régionale. Compte tenu du potentiel des ressources naturelles, le secteur agricole est appelé à jouer un rôle central dans cette dynamique qui nécessite cependant une transformation rapide et radicale pour être compétitif. Dans ce contexte, les réalités socio-culturelles, technologiques et économiques, couplée avec une économie de subsistance, pourraient constituer un frein à une transition/adaptation en peu de temps.
L’atelier sera ouvert à tous les acteurs concernés par les thématiques ciblées. L’enjeu pour le secteur agricole de Casamance est d’accompagner une évolution du système qui valorise le territoire sans accroître les inégalités sociales tout en assurant l’implication de tous les acteurs. Un tel processus nécessite une connaissance du territoire, des ressources et des contraintes, mais également la définition d’une stratégie partagée par tous les acteurs.
L’objectif de l’atelier scientifique est de partager des résultats de recherches et des approches innovantes permettant de mieux comprendre la complexité des systèmes agricoles casamançais et les conditions d’un développement à long terme du secteur qui conduira la région vers un modèle compétitif aux niveaux national, régional et international. Il s’agira donc de partager les connaissances entre les différents acteurs pour mettre en place les bases d’une transition aux nouvelles générations vers un modèle durable de la Casamance de demain qui allie compétitivité et solidarité.
L’atelier scientifique est structuré en sessions thématiques afin de faire émerger des idées nouvelles et d’identifier les modèles qui caractériseront une future Casamance et qui faciliteront la convergence des différents acteurs vers un objectif commun. L’atelier est organisé autour de cinq communautés d’acteurs afin de mettre en évidence pour chacun d’entre eux le rôle, les contraintes actuelles et le potentiel. Pour chaque communauté, des personnalités significatives seront associées, ayant une connaissance des enjeux actuels et une vision de la voie à suivre. Il s’agit en particulier de la communauté des :
• chercheurs, pour fournir les outils et connaissances scientifiques pour la gestion des chaînes d’approvisionnement et la transition vers des modèles innovants et compétitifs,
• entrepreneurs, pour assurer une transition globale vers une économie de marché et une compétitivité fondée sur la participation de tous et une croissance de la composante productive qui est aujourd’hui la plus en difficulté dans le processus de transition,
• agriculteurs qui se trouvent obligés de passer d’un système de sécurité alimentaire à un système de sécurité économique, dépourvus d’outils et de connaissances, risquant de ne pas transmettre leur culture aux nouvelles générations. Les contraintes qu’ils doivent surmonter peuvent conduire à leur marginalisation avec l’instabilité sociale qui en résulte et qui ne peut être surmontée qu’avec l’action d’autres acteurs,
• institutions publiques qui doivent assurer le cadre de référence et les stratégies appropriées pour le bon équilibre entre les différents acteurs et le soutien aux différents programmes de développement qui ont besoin du soutien technique et financier nécessaire au niveau local
• partenaires internationaux qui jouent un rôle fondamental en termes de financement et sont garants des acteurs les plus fragiles qui nécessitent un accompagnement plus complexe et en même temps une vision à long terme.
Les contributions porteront sur la variabilité et les tendances (observées et projetées) du climat, leurs impacts sur les différents sous-secteurs de l’Agriculture, ainsi que sur les mesures d’adaptation, mais également sur l’impact du pont transgambien sur l’économie de la région.
Les principaux sujets à aborder s’articuleront autour des thèmes ci-après :
– Climat et changements climatiques en Casamance : Risques climatiques, vulnérabilité et impacts sur l’agriculture
– Stratégies d’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques : Recherches et développement
– Désenclavement de la Casamance et opportunités pour le développement économique : Actions de Recherche et Développement
– Mise en place d’un réseau de coordination des actions